Inspiration
Autodidacte, j’ai passé de nombreuses années à me constituer une « technique », puis à la maîtriser, convaincu que le réalisme était une fin en soi et que le sujet et la fidélité avec laquelle je le réalisais faisait la qualité de l’oeuvre.
Heureusement, tout cela ne demande qu’à évoluer. Evoluer, c’est remettre en cause ma perception des choses, ce que je sais faire, ce que je crée, comment je le crée.
L’interprétation de mes sources d’inspiration est inscrite dans cette dynamique.
Le sujet, prétexte à peindre, a laissé la place aux émotions que me procurent le mouvement du couteau, les vibrations de la toile, la juxtaposition des couleurs, le jeu des matières, en un mot l’acte de peindre.
Le rôle de distillateur de l’artiste entre son sujet et ce qu’il donne à voir est d’aller au-delà des choses, à la recherche du non visible, de l’émotion générée par le sujet pour la partager avec autrui.
Ce processus est en marche : au fil des créations, je me sens plus libre et je tente d’aller à l’essentiel même si parfois le « naturel » reprend très vite ses droits.
Actuellement, je m’attache à recréer mes propres paysages autour de la couleur, du contraste, des masses, induisant ainsi une nouvelle lecture du sujet et en laissant plus de place à l’imaginaire du « spectateur »
Il en va de même en ce qui concerne l’occupation des espaces sur la toile. Je prends conscience de l’importance des « vides » qui alors deviennent moyens d’expression. Le dessin n’a plus une seule vérité mais en propose tout un champ qui, par le jeu des proportions, des masses, donne une dimension nouvelle au paysage.
L’interprétation doit prendre toute sa force : c’est l’ouverture qui permettra à l’amateur d’art de s’installer dans la toile, avec son propre imaginaire, pour se l’approprier, en quelque sorte, et lui donner son sens final.
A mon sens, une toile n’existe que sous le regard de l’Autre.
Daniel GIRAULT